Un projet vidéo pour voir plus loin
Joane Delambre, lauréate de la Fondation depuis 2016, est actuellement en première année à l’IFMK (Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie). Après deux années de PACES, la jeune étudiante, originaire de Rodez, s’épanouit dans cette filière. Dans le cadre de ces études, elle a récemment réalisé un projet vidéo portant sur le handicap au travail, et plus précisément sur l’autisme dans le secteur de la restauration.
Dans quel cadre cette vidéo a-t-elle été réalisée ?
Le PREFMS (Pôle Régional d’Enseignement et de Formation aux Métiers de Santé) regroupe les 11 écoles et instituts de formations aux métiers de santé du CHU de Toulouse. Parmi ces instituts, on trouve notamment l’IFMK (Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie) et l’IFE (Institut de Formation en Ergothérapeute). Les masseurs-kinésithérapeutes et ergothérapeutes sont souvent amenés dans leur vie professionnelle à travailler ensemble (notamment dans le secteur institutionnel). Ce travail en pluridisciplinarité nous est inculqué dès la première année de nos études. C’est donc dans le cadre d’un TPG (Travail Personnel Guidé) sur le thème du handicap, que nos formateurs nous ont demandé de réaliser un clip vidéo par groupe mixte (regroupant les étudiants en IFMK et en IFE) sur un thème imposé, mais suffisamment vaste pour nous permettre d’être créatifs. Le thème sur lequel notre groupe a dû travailler était celui du « Handicap et Travail » ; les autres thèmes abordés étant ceux du « Handicap et Sport », « Handicap et Transport », « Handicap et aidants ».
Combien de personnes ont participé à ce projet ?
Nous étions un groupe de 8, comptant 6 étudiants en masso-kinésithérapie et 2 étudiants en ergothérapie, sans oublier la petite sœur d’une des étudiantes en masso-kinésithérapie qui a gentiment accepté de participer au tournage. Nous nous sommes occupés de l’intégralité du projet : écriture du scénario, tournage, montage … Ce travail nous a permis de nous initier à l’art de l’audiovisuel, pour lequel chacun d’entre nous était novice. Plus important encore, notre collaboration a impliqué des qualités qui sont attendues d’un professionnel de santé telles que l’écoute, le partage, le respect, le travail en équipe …
La thématique de l’autisme était-elle imposée ou avez-vous fait le choix d’en parler ?
Le seul thème qui nous a été imposé était celui du « Handicap et Travail ». Nous avions ensuite carte blanche pour le sujet de la vidéo, le public ciblé, le scénario, etc. Nous avons spontanément eu l’idée de nous concentrer sur un handicap invisible. N’étant pas apparent, comme un handicap moteur par exemple, ce type de handicap est souvent méconnu. Par notre vidéo, nous avons souhaité sensibiliser un large public sur le handicap invisible et en particulier le TSA (Trouble du Spectre Autistique). Pour ce faire, nous avons opté pour une prise de vue en caméra subjective, invitant le public à adopter le regard d’une personne autiste, pour qu’il puisse se mettre à sa place et se rendre compte des difficultés (mais aussi des facilités) auxquelles elle est confrontée dans sa vie quotidienne. Beaucoup de stéréotypes perdurent encore dans notre société quant aux personnes atteintes de TSA. L’un de nos objectifs en écrivant notre scénario était de défaire ces clichés ; c’est notamment ce qu’apporte l’intervention de notre jeune actrice dans la vidéo. L’enfant est le symbole de l’innocence, non entachée par des stéréotypes infondés, elle ne se soucie guerre du handicap et apporte espoir et légèreté dans cette vidéo.
Vous êtes-vous rapprochés d’associations ou de structures en lien avec des personnes autistes pour réaliser cette vidéo ?
Malheureusement, nous n’avons pas eu le temps de contacter des associations, bien que nous aurions beaucoup aimé le faire. Cependant, nous avons contacté une Auxiliaire de Vie Scolaire (AVS) qui travaille quotidiennement avec des enfants autistes et leur apporte un accompagnement scolaire complémentaire. Elle nous a renseignés sur les gestes et attitudes que l’on pouvait inclure dans nos scènes pour que le public comprenne que le personnage principal était autiste. Cette AVS avait auparavant occupé un poste à la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), ce qui faisait d’elle une interlocutrice expérimentée avec laquelle nous avons pu aisément échanger.
Quels ont été les retours de vos professeurs et des autres élèves ? Le visionnage de la vidéo a-t-il débouché sur un débat ?
Les retours qui nous ont été faits concernant notre travail étaient très positifs. Je me souviens notamment de l’émotion palpable à la fin du visionnage lors de la dernière réplique de l’enfant « Quand je serai grande, je voudrais être comme vous ! ». Le message que nous voulions faire passer dans notre vidéo a été compris de tous ! La présentation de la vidéo était accompagnée d’un diaporama illustrant à nos professeurs et camarades notre cheminement, les difficultés que nous avons pu rencontrer, les enrichissements de ce travail … Notre vidéo a permis à nos professeurs d’élargir la discussion sur les modalités de prise en charge d’un patient ayant un TSA, en tant que futurs professionnels de santé ! Ils nous ont apporté beaucoup d’informations complémentaires à notre travail, c’était particulièrement intéressant ! Je me réjouis des échanges que nous avons pu avoir.
Que retirez-vous de cette expérience ?
J’en retire un enrichissement tant professionnel qu’humain. Ce projet nous a permis d’acquérir de nombreuses connaissances sur ce trouble que nous ne connaissions pas suffisamment. En tant que futurs professionnels de santé, nous serons certainement amenés à prendre en charge des patients autistes, nous devrons pour cela adapter notre communication et nos soins pour permettre une prise en charge de la meilleure qualité qui soit. Avoir fait ce travail de sensibilisation via l’outil vidéo, nous a également initié à l’audiovisuel, qui est aujourd’hui un des principaux moyens de communication ! Nous pourrons, le cas échéant, dans notre vie professionnelle, nous servir de cette première expérience pour à nouveau monter un projet de sensibilisation (sur de la prévention par exemple).
Le travail en groupe, qui plus est en pluridisciplinarité, est toujours très enrichissant et permet d’affiner nos qualités d’écoute, de compréhension et de respect d’autrui, de cohésion, etc. dont doit faire preuve un soignant dans sa vie de tous les jours.
Je rajouterai aussi que ce genre de travaux proposés par nos instituts de formation respectifs permet une approche différente et pertinente de notre future profession, cela nous ouvre des portes que nous n’empruntons pas toujours à travers les cours magistraux.