Gauthier Golliot

 

En grande précarité et déjà père à l’âge de 16 ans, Gauthier Golliot a bénéficié d’une bourse de la Fondation grâce à laquelle il a pu financer des études de médecine et bénéficier du soutien d’une tutrice très active.

Gauthier, comment avez-vous fait pour bénéficier d’une bourse de la Fondation ?
J’étais lycéen à Pierre-Lacroix à Narbonne où je préparais un Baccalauréat Scientifique quand un professeur m’a conseillé de postuler. Ma mère recevait les minima sociaux, mon père était surendetté et je venais d’avoir un enfant que je voulais assumer tout en poursuivant des études. La bourse m’a sauvé et m’a permis de financer mes études de médecine. Elle a aussi permis de payer les factures en retard et de passer mon permis de conduire. Je voulais absolument gagner en autonomie.

Vous avez également reçu le soutien actif d’une tutrice …
Oui, son soutien a été très précieux. Surtout quand je me suis retrouvé seul à Montpellier loin de mon enfant. Elle avait un parcours exceptionnel, elle ne parlait pas un mot de français quand elle a commencé ses études de médecine ici, son génie m’impressionnait. C’est une personne incroyable. Ensuite quand j’ai changé d’orientation et donc de tuteur, j’ai reçu un nouveau soutien toujours aussi bienveillant. Personne ne me jugeait, tout le monde m’aidait.

Les études de médecine ne vous ont, en effet, pas convaincu …
J’ai toujours voulu être médecin, je me souviens avoir commencé à lire avec des livres concernant la médecine. J’ai suivi l’année de Paces et ça reste une amère expérience. J’ai choisi cette voie par goût des autres et de la solidarité et j’ai découvert exactement l’inverse en cours où le principal objectif des étudiants est de faire craquer les autres sur le plan psychologique. Cette première année était aussi très théorique, j’avais besoin de quelque chose de beaucoup plus humain et concret. J’ai donc choisi de m’orienter vers une école d’infirmiers.

Et vous avez trouvé votre voie ?
Complètement. Aujourd’hui, je travaille en oncologie hématologie à l’hôpital de Carcassonne. J’apprécie de soutenir les malades mais aussi leurs familles dans l’épreuve de la maladie. J’ai trouvé le côté “humain” que je cherchais dans la médecine. C’est vraiment ça qui m’intéresse.

Vous vous lancez un nouveau défi à présent ?
Oui, mon fils a grandi et j’ai acquis une expérience professionnelle. Je peux réintégrer médecine directement dans un cursus plus concret et éviter tous les cours de bachotage. Aujourd’hui, j’ai gagné en assurance personnelle mais j’ai toujours autant envie d’apprendre. J’ai une grande curiosité professionnelle et toujours envie d’approfondir mes connaissances.

Vous avez vécu la crise du Covid “de l’intérieur”, quel souvenir en gardez-vous ?
D’abord un sentiment de culpabilité. En tant que soignant, j’ai attrapé le Covid à deux reprises. Comme j’étais asymptomatique, j’ai contaminé mon entourage sans m’en rendre compte. Au début de la crise, on n’avait pas de masques, pas de protection. Tout était bouleversé. Pour les patients atteints de cancers dont je m’occupe, tout s’est compliqué aussi. Avec des soignants de moins en moins nombreux parce que malades et une charge morale plus lourde, ils n’ont pas eu la prise en charge qu’ils méritaient.

Avril 2021