Thierry Carrère : « Les lycéens vont connaître le frisson singulier de l’orateur »
Architecte du Concours Régional d’Éloquence, le bâtonnier Thierry Carrère répond à nos questions.
Comment a été choisi le thème de cette année, la République ? Pourquoi ce choix ?
La Présidente de la Fondation Groupe Dépêche, Marie-France Marchand-Baylet, nous a fait cette belle proposition que nous avons accueillie avec enthousiasme. Nous avons besoin de la République et celle-ci a certainement besoin de nous tous. Il est bon que des lycéens revisitent cette maison commune et nous livrent le fruit de leur travail et de leur réflexion.
Qu’est-ce qui caractérise selon vous une belle éloquence ? Est-ce seulement bien s’exprimer ?
L’éloquence est avant tout l’art de convaincre. Elle ne saurait se confondre avec la rhétorique. Ce n’est pas un art contraint par la sophistication mais un art libre, sans figure imposée, nourri avant tout par la sincérité communicative de l’orateur.
Cette belle oralité n’est elle pas en décalage avec la simplicité et parfois les erreurs engendrées par l’utilisation massive des réseaux sociaux que plébiscite la jeunesse ?
Chaque outil appelle une certaine forme d’expression.Nos lycéens font facilement la différence entre les diverses formes de langage et ils se plongent, parfois avec appréhension ,mais avec une grande efficacité, dans les exigences d’une oralité plus formelle et maîtrisée.
L’Éloquence contribuerait-elle selon vous, aussi, à l’ascension sociale ?
S’initier à la prise de parole en public c’est acquérir les armes d’une véritable émancipation. Si la jeunesse apprend à nommer les choses, et si elle acquiert la capacité d’exprimer ce qu’elle sait nommer, aucun obstacle ne saurait l’enfermer dans une condition quelle qu’elle soit.
Quel regard portez-vous sur les précédentes éditions?
Le recul du temps nous permet de constater la très grande implication des professeurs et des lycéens dans le cadre d’un exercice que nous avions précisément créé pour provoquer ce travail. Ce qui nous a tous marqué, dès la première édition, c’est le degré d’excellence des prestations qui nous étaient livrées. Cette qualité a toujours été au rendez-vous.
Des conseils pour celles et ceux qui se présenteront jeudi 1er février?
Ils travaillent toujours beaucoup et le fruit de de ce travail est remarquable. L’exercice est très fort, très impressionnant. Ils vont connaître le frisson singulier de l’orateur. Il faut saisir cette chance pour exprimer avec sincérité une part exigeante et intime de soi-même qui comblera un jury composé de personnalités de grand talent, diverses, ouvertes et toujours bienveillantes.