Concours Régional d’Éloquence 2018

DDM-MICHEL LABONNE- EDITION 2018 DU CONCOURS REGIONAL D'ELOQUENCE SUR LE THEME  -LA REPUBLIQUE  AU GRAND THEATRE DES CORDELIERS A ALBI

Les fantômes de Molière veilleraient-ils sur les jeunes lycéens vivant à Pézenas, la cité qui l’a vu parfaire son génie théâtral ? Bien qu’invérifiable, tout porte à croire que cette hypothèse ait pesé dans la naissance d’une jolie pépite découverte au Grand Théâtre d’Albi, où se déroulait le 10ème Concours Régional d’Éloquence …

Organisée conjointement par la Fondation Groupe Dépêche, présidée par Marie-France Marchand Baylet, et les Rectorats des Académies de Toulouse et Montpellier, cette édition avait comme marraine la Garde des Sceaux et Ministre de la Justice, Nicole Belloubet, retenue à Paris par un conseil interministériel. Elle a réuni quatorze candidats issus de toute l’Occitanie, venus s’affronter lors de plaidoiries sur le thème de : « La République  ». 

À l’issue de prestations qui ont surtout mis en exergue une jeunesse dynamique et engagée, c’est finalement Juliette Benays, du lycée Jean-Moulin à Pézenas, qui décroche le premier prix de cette édition d’un très haut niveau. L’adolescente, élève de seconde, a littéralement conquis le jury présidé cette année par le Général Hervé Gobilliard, président de la Société d’Entraide des Membres de la Légion d’Honneur.

«On t’accuse, Marianne!…»

 

Passant avec aisance d’une introduction sur des rythmes entre slam et rap appuyés par une gestuelle harmonieuse, à un texte plus académique mais néanmoins teinté d’une infinie émotion, Juliette Benays a rapidement convaincu sur cette « République imparfaite parce qu’humaine » qui pose de multiples questions. Comme celle de savoir si « le principal souci finalement ne viendrait pas de l’Homme ? », auteur, selon elle, par exemple, d’ « inégalités entre les sexes, les religions, les orientations sexuelles… ». « On t’accuse, Marianne », lance-t-elle « mais ne soit pas vexée, ce n’est pas ta faute, c’est la nôtre ». Puis l’optimisme prend vite le dessus : « Nous sommes une jeunesse qui se mélange un peu les pinceaux (…) mais pleine de couleurs. On le fera, le tableau, ensemble. Pour remettre du sens dans le bleu, blanc, rouge ! ». Le message est passé.

« La signature de ce que vous êtes ! »

 

Dans le public, les élèves et les professeurs, qui ont travaillé depuis des mois sur le sujet, sont les premiers soutiens de leur candidat. Tous sont touchés par cette oralité parfois exercée sans aucune lecture ! Le jury l’est aussi mais il n’y gagnera pas forcément … obligé de trancher dans un nombre très élevé de plaidoiries proches de la perfection. Au final, il décernera six prix récompensant certes une aisance à la diction, mais également une profondeur et un engagement à faire pâlir nombre de leurs aînés ! Le bonheur est là de voir combien, ainsi déconnectée un instant de l’emprise logarithmique quotidienne, cette jeunesse montre combien elle peut intelligemment parler et faire parler d’elle. Loin des clichés et des généralités étouffées ici par la beauté du verbe, elle a su s’emparer de cette oralité qui peut parfois en dire long. Le Bâtonnier Thierry Carrrère, initiateur du Concours, en sait quelque chose : « C’est la signature de ce que vous êtes, d’authentiques personnalités. Vous nous avez fait vivre un moment magique et abouti ! ».

L’analyse est partagée par tous, et particulièrement Marie-France Marchand-Baylet, heureuse d’avoir réussi à fêter ainsi les 10 ans de ce Concours à travers ce thème auquel est attaché le Groupe La Dépêche. Citant Jaurès, « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ! », des mots à ses yeux,  « toujours actuels », elle évoque aussi Olympe de Gouges, choisie cette année comme trophée pour les lauréats. Puis de conclure : « Nous sommes très fiers de cette République que vous avez ici merveilleusement bien défendue ». Et tous ces « maçons de notre maison commune » de quitter la scène, convaincus qu’elle doit plus que jamais être bâtie ensemble.