Dolorès Roqué

 

Professeur d’espagnol en lycée puis conseillère pédagogique en IUT, Dolorès Roqué est désormais Conseillère Régionale d’Occitanie. Pour la rentrée 2021, elle a accepté le rôle de Coordinatrice Pédagogique du Pôle Est de la future Promotion 2021. Rencontre.

Vous avez souhaité rejoindre notre Fondation, qu’est-ce qui a motivé votre décision ? 
Je représentais Carole Delga, lors de l’hommage rendu par la Fondation aux enseignants, en pleine crise sanitaire. Le discours liminaire de la Présidente Marie-France Marchand-Baylet, citant Albert Camus dans sa lettre à Louis Germain : « Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, rien de tout cela ne serait arrivé », fut un moment d’une rare intensité.
Une référence pour moi, fille d’exilés républicains espagnols modestes, qui a voulu rendre à l’école ce qu’elle lui a donné.
Et les missions de la Fondation : bourses d’études, concours d’éloquence, colloques sur des thématiques sociétales fondamentales m’ont convaincue de l’engagement militant de la Fondation en faveur de l’égalité réelle des chances.
Cet engagement a été le mien, il est le fil rouge de l’enseignante à l’élue régionale que je suis aujourd’hui à la Commission éducation et égalité Femme/homme.
Rejoindre la Fondation s’est donc imposé comme une évidence pour lutter contre les déterminismes sociaux, pour permettre à un jeune de choisir sa vie.

Vous avez accepté de prendre la coordination pédagogique, à la rentrée prochaine, de la Promotion 2021 pour le Pôle Est. Comment envisagez-vous ce rôle ?  
Coordonner sur le plan pédagogique une promotion, c’est favoriser l’insertion de jeunes lycéens dans le monde plus autonome, plus exigeant, des études supérieures.
Si cela va de soi pour ceux qui ont bénéficié d’un cadre socio-culturel facilitateur, c’est bien moins évident pour ceux « première génération d’étudiant » dans leur famille, pour qui les codes, les références, le fonctionnement de l’enseignement supérieur, étaient jusque là, réservés à une élite.
Il faudrait donc les accompagner individuellement, les initier à ces codes spécifiques et surtout les épauler en termes de méthode d’apprentissage, leur apprendre à apprendre, à anticiper, à s’organiser, à « être intelligemment paresseux » comme me l’a conseillé l’enseignante qui a fait de moi une étudiante efficace. Le travail universitaire est une course de fond, pas un sprint. La régularité dans l’effort doit primer sur la confiance en ses qualités ou aptitudes intrinsèques. La responsabilité vis-à-vis d’une aide au caractère exceptionnel devrait aussi, susciter un engagement réciproque. In fine je préconiserai les enseignements de cette référence : « Faber est quisque suae fortunae » (chacun est l’artisan de sa propre fortune) avec un tuteur qui veille sur vous.  

Les candidatures pour le programme des “Bourses Actives” sont actuellement ouvertes. Quels conseils donneriez-vous aux lycéens qui se porteraient candidats ?
Si on se porte candidat, on a forcément conscience d’une occurrence qui peut changer le cours d’une vie. Aussi, il convient de mobiliser toutes ses ressources : celles d’un compétiteur, sa capacité d’adaptation et surtout ses valeurs. 
Ne pas hésiter à dire qui l’on est, l’objectif que l’on s’est assigné, le rêve que l’on porte en soi.
Pour mettre toutes les chances de son côté, mobiliser la forme et le fond : soigner l’exposé de sa motivation, comme son apparence, le verbal et le non-verbal sont des indicateurs précieux. S’y préparer ou s’y entraîner, mais une fois en situation, être soi même et faire confiance à son intelligence situationnelle. Bonne chance à tous.

A la rentrée de septembre, quels seront, selon vous, les principaux messages à délivrer aux nouveaux lauréats ?
La rentrée de septembre 2021 sera particulière en raison du contexte sanitaire. Il a mis en lumière des difficultés spécifiques et creusé les inégalités. 
Les lauréats doivent en tenir compte et mesurer leur propre mérite et la formidable opportunité qui leur est offerte. Aussi, conviendra-t-il d’instaurer un climat de confiance, une relation qui facilite, d’emblée, le partage du moindre doute, des premières difficultés que le stress pourrait accentuer. Ne pas hésiter à solliciter auprès des administrations ad hoc ou des étudiants plus aguerris des conseils précieux, ces acteurs intervenant en complément du référent Fondation, la démarche d’ouverture à l’autre participant aussi à l’autonomie.
En somme la vigilance, la réactivité, l’échange d’informations ne peuvent qu’être bénéfiques à un démarrage qui peut conditionner la qualité du cursus.

Avril 2021